Gérer sa consommation de carburant et ses émissions de CO2
Avec une essence sans plomb fleuretant avec l’euro-et-demi symbolique, partant du principe que l’on ne peut pas tous se passer de voiture, voyons en quelques points faciles à mettre en œuvre comment faire pour réduire, ou tout du moins modérer, la consommation de son véhicule.
Il ne s’agit pas de remettre en question le caractère contingent de la voiture en ville, certains s’en offusqueraient et ils auraient bien raison. Mais tout le monde n’habite pas en ville et certains paresseux pourraient être heureux d’apprendre quelques trucs supplémentaires pour réduire leur consommation mensuelle d’essence ou de diesel. Malheureusement, pas de solution miracle ; il va nous falloir troquer huile de roche… contre huile de coude !
La première chose est d’évaluer précisément votre consommation d’essence. De cette manière, il sera possible de mesurer les économies réalisées ! Voilà une méthode très simple pour calculer votre consommation :
Commencez par faire le plein de votre véhicule (voiture, moto, tracteur, mobylette, cette méthode fonctionne avec tout type de véhicule) ; ça fait mal,
Mettez votre compteur kilométrique journalier à zéro. Ne le réinitialisez pas pendant toute la durée de l’opération,
Roulez en vidant le réservoir au maximum (le calcul n’en sera que plus significatif) ; si possible, notez le type des trajets effectués (en gros : ville, route, autoroute),
Une fois le réservoir vide, repassez à la pompe, et refaites le plein ; ça fait re-mal. Cette fois cependant, vous avez le ticket de caisse. Sur celui-ci, vous trouverez la quantité exacte de carburant avalé par votre réservoir ; le compteur journalier vous indiquera le compte exact des kilomètres parcourus. Une petite règle de 3 et le tour est joué.
Un petit exemple vous aidera à faire passer la pilule (ou plutôt la galette [1]). Ma Supercinq est pleine comme une outre, mon compteur journalier à zéro. Je parcours 573 kilomètres exactement avant de refaire le plein (que de l’autoroute, à 120 km/h environ). Le ticket m’indique que j’ai mis 35,21 litres de super sans plomb dans le réservoir. Je fais alors ma règle de 3 :
35,21 litres / 573 kilomètres * 100 ≈ 6,15
Ma Supercinq s’avale donc allègrement ses 6,15 litres de sans plomb tous les 100 kilomètres. Une paille.
En calculant de cette manière, vous devriez retomber toujours sur vos pattes, et parvenir à évaluer précisément votre consommation.
Maintenant que nous avons la consommation de carburant, nous allons pouvoir évaluer la quantité de CO2 dégagée dans l’atmosphère…
Contrairement à une idée reçue, la quantité de CO2 générée par un véhicule est directement proportionnelle à la quantité de carburant consommé. Pas de moyen de se soustraire, même pour les véhicules récents [2] : comme on ne sait pas – encore –fixer le CO2, celui-ci s’enfuit irrémédiablement par votre pot d’échappement…
Voyons maintenant combien de CO2 dégage ma super voiture. Le principe est le suivant (SP95) :
1 litre de sans plomb 95 pèse 0,7 kg environ (l’essence est plus légère que l’eau) :
6,15 litres * 0,7 = 4,305 kg (le CO2 se mesure en kilos, il nous faut donc la même unité de mesure pour l’essence),
Pour obtenir la quantité de CO2 dégagée par de l’essence, il faut multiplier le poids de celle-ci par 3,17 [3] :
4,305 kilos d’essence * 3,17 = 0,1365 kg de CO2 pour 100 kilomètres, soit 136,5 g/km de CO2 (toujours à 120 km/h sur autoroute pour reprendre les conditions de calcul édictées plus haut) [4].
Maintenant que nous avons évalué le plus précisément possible notre consommation, et nos émissions de CO2 dans l’atmosphère, voyons comment faire pour réduire celles-ci.
Réduire sa vitesse
La plus facile, la plus simple à mettre en œuvre et la plus efficace des choses à faire est de réduire sa vitesse. En ville, sur route ou autoroute, c’est le meilleur moyen pour que votre automobile réduise sa consommation de jus ! Qui veut voyager loin ménage sa monture dit l’adage (source) :
En résumé, cela signifie que si [5], en roulant à 90 km/h (en cinquième vitesse), vous consommez 6,5 litres aux cent kilomètres, vous consommerez 2 litres de plus pour rouler à 110 km/h (+30%), et pratiquement 12 litres aux cent à 130 km/h. +84%. Quasi deux fois plus ! Le calcul est vite fait… Réduire sa vitesse, ou ne pas trop l’augmenter, sur autoroute par exemple, représente donc un moyen très efficace de contrôler sa consommation [6].
Entretenir son véhicule
La deuxième chose à faire, c’est d’entretenir régulièrement son véhicule. Un filtre à air encrassé, des vidanges un trop espacées, un parallélisme déréglé sont autant de facteurs augmentant la consommation de carburant. Certains types de pneus (sans citer de marque) permettent une économie substantielle, sans que l’investissement soit trop important (puisqu’en partie compensé par les économies réalisées). Bien entendu, les véhicules récents, donc un peu plus propres que les autres, ont besoin de moins de carburant et dégagent donc moins de CO2. un entretien régulier permet en outre d’optimiser la combustion du carburant, et de dégager ainsi moins de produits nocifs, en général.
Pay or plant…
Sans que cette possibilité offerte par plusieurs organismes ne soit en contradiction avec les points évoqués précédemment, sachez que vous pouvez compenser en partie vos émissions de CO2, tout simplement… en payant en euros sonnants et trébuchants ! [7] Voici quelques liens qui vous permettront de vous renseigner un peu plus avant :
Climatmundi propose un système de chèques cadeaux « CO2 », afin de sensibiliser vos proches ;
CO2solidaire compense vos émissions en plantant des arbres pour vous ; des packs sont disponibles à partir de 5€ ;
La SNCF vous propose de compenser vos émissions de CO2 lorsque vous voyagez en train [8] ;
Une petite recherche sur Google vous en apprendra bien plus encore… Vous constaterez que les moyens de diminuer et de compenser les émissions de CO2 ne manquent pas. Et pour être en règle avec les directives européennes, la France devra diviser par 4 ses émissions de CO2 d’ici à l’horizon 2050. Selon le GIEC [9], un « pré-requis indispensable pour limiter le réchauffement du climat ». Limiter seulement…
[1] De pétrole !
[2] Ceux-ci sont tout de même les véhicules qui, en général, consomment le moins de carburant. Sauf à avoir acheté un 4x4 mais ça, c’est une autre histoire…
[3] 3,18 pour du diesel.
[4] Dans ce calcul, nous ne prenons en compte que le CO2 effectivement dégagé par le véhicule (lors de la combustion), et non celui généré par la transformation et l’acheminement du carburant jusqu’à l’utilisateur final. Certaines études montrent ainsi cette quantité, générée indirectement par un véhicule, peut aller jusqu’à égaler le CO2 généré directement. Plus de détails sur le calcul de dégagement de CO2 ici.
[5] Exemple calculé à partir des données fournies par le schéma ci-dessus ; plus de détails sur le calcul de l’augmentation de consommation en fonction de différents facteurs à cette adresse (source du schéma, remerciements à Matthieu W. pour l’autorisation de publication.
[6] Evitez aussi les accélérations trop brutales !
[7] Comptez une vingtaine d’euros aux 10 000 kms, une fois la déduction de 66% de votre feuille d’impôt effectuée. On trouve aussi des packs Just Married…
[8] Eh oui, le train aussi émet (indirectement) du gaz carbonique ; plus ou moins en fonction du type de centrales utilisées pour produire l’électricité (nucléaire, pétrole, charbon ou énergies renouvelables).